Syndrome de dysfonctions non-verbales (SDNV)
Habiletés non‑verbales
Le syndrome de dysfonctions non verbale (SDNV) est de plus en plus connu depuis le début des années 2000 au Québec. Le SDNV reste toutefois un trouble neurodéveloppemental souvent méconnu par de nombreux intervenants du milieu de l’éducation et de la santé. Cela s’explique en partie parce qu’il n’est pas parmi les troubles répertoriés dans le DSM-5, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition. De plus, en Europe, le terme SDNV n’est que très rarement employé; ces enfants et adolescents sont la plupart du temps diagnostiqués comme ayant une dyspraxie visuospatiale. Ainsi, la nature et les impacts du SDNV restent malheureusement peu compris des parents, des intervenants et de certains professionnels, ce qui les confronte à une incompréhension des problèmes de leur enfant ou de leur élève.
Comme son nom l’indique, ce syndrome affecte principalement les habiletés non‑verbales tels que l’analyse et le raisonnement visuospatial, l’attention et la mémoire non verbale. Une personne ayant un SDNV aura du mal à faire sens des schémas, graphiques ou pictogrammes qu’elle observe : cette personne voit bien, mais dégage difficilement la signification de telles représentations visuelles. Les difficultés se situent au niveau de l’interprétation des informations visuelles et de la visualisation, soit la capacité à se créer des images mentales.
Ces déficits entraînent des difficultés scolaires dans différentes matières, particulièrement en mathématiques, en sciences ou en physique, ainsi qu’en compréhension de textes (leur interprétation est trop littérale).
La diversité des manifestations du syndrome de dysfonctions non‑verbales rend complexe leur énumération. Nous répertorions tout de même des manifestations fréquemment observées chez les enfants d’âge scolaire et chez les jeunes adolescents, même si tous ces signes ne sont habituellement pas toujours identifiables simultanément chez tous les enfants qui ont un SDNV.
Les caractéristiques du SDNV sont de nature et d’intensité variable. Il présente de multiples manifestations que l’on peut regrouper en trois sphères : cognitive, académique et sociale.
Les manifestations
Sphère cognitive :
- La motricité fine peut se développer plus lentement que ses pairs.
- La graphomotricité reste souvent maladroite (découpage, dessin – surtout en copie -, etc.).
- L’attention et la mémoire visuelles sont moins efficaces que l’attention et la mémoire auditive ou verbale.
- Le raisonnement visuel ou logique est plus laborieux : compléter des séquences ou des suites logiques, interpréter des graphiques, des tableaux ou des enseignes, etc.
- Les habiletés constructives constituent aussi une faiblesse : lire un plan pour reproduire des modèles Légos, suivre un plan IKEA pour assembler un meuble, etc.
- Les habiletés d’imagerie mentale sont habituellement faibles, voire déficitaires (visualiser un problème en mathématiques).
- Les jeunes et les adultes présentant un SDNV ont souvent des difficultés d’organisation et de planification, ayant du mal à « voir » les étapes à venir et donc à les anticiper (difficultés des fonctions exécutives).
Sphère académique :
- Au début du primaire, les difficultés graphomotrices se traduisent par une difficulté d’écriture (calligraphie), de découpage, de traçage de formes, etc. L’enfant écrit lentement, tient son crayon de façon bizarre, a de la difficulté à tracer les lettres (souvent plusieurs traits pour former une lettre). Ce retard se rattrape habituellement dans la deuxième partie du primaire après beaucoup de pratique, mais la copie et le dessin restent souvent pauvres.
- L’enfant fait des erreurs d’orthographe qui sont davantage de nature éidétique, c’est à dire qu’il se fie à la prononciation (au son) et non à l’orthographe du mot (ex. « oto » = « auto »; erreurs d’orthographe d’usage).
- Il a des difficultés en arithmétique.
- Le raisonnement mathématique se développe très difficilement et, habituellement, les troubles d’apprentissage dans cette matière deviennent plus sévères au fil des ans.
- En lecture, la compréhension d’inférences ou du double sens, la capacité à faire des résumés ou à synthétiser les idées deviennent de plus en plus difficiles, selon la sévérité du trouble.
- L’ensemble des atteintes entraînent des difficultés variables en sciences (chimie et physique principalement).
Sphère sociale :
Conséquemment aux faiblesses d’interprétation des situations et/ou aux lacunes du décodage non verbal, ces enfants et ces jeunes ont du mal à s’ajuster socialement.
- Ils peuvent avoir des comportements non verbaux maladroits, inappropriés ou absents (ex. mauvaise posture, manque d’expression faciale et corporelle, intonation monocorde, etc.).
- Ils parlent beaucoup et parfois de façon inappropriée au contexte, ne décodant pas très bien le non verbal de leur interlocuteur.
- Ils peinent à faire semblant, à mimer sans parler.
- Ils peuvent vivre du rejet, plus ou moins direct, ou un sentiment de ne pas être compris des autres.
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Approche et traitements
Malgré le défi que la rééducation peut représenter pour les intervenants œuvrant auprès de ces jeunes, elle demeure essentielle à l’évolution et à l’intégration de ces derniers dans leur milieu. En effet, les faiblesses cognitives et sociales caractéristiques de ce syndrome complexifient les interventions, mais une rééducation adaptée à leurs besoins permet de leur fournir des outils nécessaires pour pallier leurs lacunes.
Un suivi en orthopédagogie peut être conseillé afin d’apporter l’aide nécessaire à l’enfant qui éprouve des difficultés d’apprentissage liées au syndrome de dysfonction non-verbale en mathématique, qu’il présente une dyscalculie ou non, en lecture (pour le décodage ou la compréhension de textes) ou pour soutenir le développement des stratégies de travail et d’études (comment étudier ses examens, comment résumer ses lectures ou rédiger un texte, comment repérer les bonnes informations lors d’une résolution de problèmes).
L'évaluation du Syndrome de dysfonctions non-verbales (SDNV)
Le diagnostic neuropsychologique de SDNV nécessite une évaluation complète et judicieuse de chacune des sphères cognitives de l’enfant afin de valider ou non la présence de déficits associés et de confirmer/infirmer la présence du syndrome. Pour ce faire, les neuropsychologues du Centre accordent une grande importance à l’entrevue menée avec les parents à l’intérieur de laquelle ils recueillent toutes les informations concernant l’histoire développementale et la problématique de l’enfant, dont le vécu social et affectif. Des questionnaires leurs sont souvent remis, ainsi qu’aux enseignants, afin d’identifier les difficultés comportementales et affectives autant dans le milieu scolaire que familial. Ces informations complètent l’évaluation cognitive réalisée avec l’enfant qui ciblera le potentiel intellectuel, dont le raisonnement langagier, visuospatial et logique, de même que les fonctions attentionnelles et exécutives. Les modalités d’apprentissage seront aussi évaluées, en mémoire verbale et visuelle.
De façon plus spécifique, si l’hypothèse d’un SDNV est maintenue, un examen plus spécifique des habiletés et des fonctions touchées par ce syndrome est réalisé : en plus du raisonnement visuospatial, la motricité fine, les habiletés visuoconstructives et la mémoire de travail visuospatiale sont évaluées. Le raisonnement mathématique peut aussi faire l’objet d’un examen, surtout si l’on soupçonne un trouble spécifique des apprentissages, telle une dyscalculie.
La nature des difficultés soulevées par le SDNV expose souvent les enfants qui en sont atteints à des risques plus élevés de développer certains troubles intériorisés tels que le retrait social, l’anxiété et la dépression. En effet, les limitations dues à ce syndrome et les conséquences de ces dernières affectent considérablement le quotidien de l’enfant dans ses relations avec les pairs, dans sa capacité à s’adapter à de nouvelles situations et dans sa capacité à décoder et exprimer les émotions. L’importance de l’évaluation prend alors tout son sens puisqu’elle permet d’identifier la problématique et de mettre en place des mesures afin de faciliter l’intégration et le bien-être de ces jeunes plutôt que de les laisser dans l’incompréhension de leur état.
Un objectif à ne pas négliger en évaluation est d’orienter la rééducation : informer les parents, les enseignants, les orthopédagogues ainsi que les intervenants œuvrant auprès de l’enfant des impacts de ce trouble dans la vie de l’élève pour les aider à trouver des façons de favoriser le plein épanouissement du jeune et de la famille.
Ressources
En savoir plus
Le Syndrome de dysfonctions non-verbales (SDNV)
Liens externes pour le Syndrome de dysfonctions non-verbales (SDNV)
Page Facebook où l’on peut lire des articles et suivre des discussions sur le SDNV. Marie-Claude Venne, orthopédagogue, et Eliane Chevrier, neuropsychologue, contribuent, de par leur expertise, à nourrir ce site et à offrir aux professionnels et parents de l’information pertinente et valide.