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L’autisme et ses troubles associés

La déficience intellectuelle est une condition qui accompagne fréquemment l’autisme, puisque sa prévalence était auparavant de près de 75 % alors que maintenant on l’estime plutôt à 50 % (quotient inférieur à 70) (Delobel-Ayoub et al., 2015). La fréquence élevée de cette double symptomatologie suggère d’ailleurs une étiologie commune que les généticiens explorent actuellement dans le but d’expliciter un bon nombre de cas. Il n’en reste pas moins que l’évaluation psychométrique de ces enfants se révèle particulièrement difficile, en raison de leur symptomatologie, ce qui peut accroitre la fréquence des diagnostics de déficience mentale. De plus, le fait même que ces enfants ne puissent pas toujours bénéficier d’un programme intensif de stimulation cognitive en bas âge a de fortes chances de ralentir le développement de leur intelligence.

On observe par ailleurs une incidence élevée de troubles du sommeil (généralement d’insomnies) et de troubles de l’alimentation (en raison des choix d’aliments qui deviennent très restreints), troubles pouvant affecter à des degrés divers leur fonctionnement cérébral. Il existe aussi des délais marqués dans l’acquisition de la propreté, éventuellement causés par une indifférence de l’enfant à l’égard des signaux qui proviennent de son propre corps.

Avant le DSM 5, le diagnostic de TDAH était exclu dès lors qu’un diagnostic d’autisme était confirmé. Selon une récente étude menée auprès de 1500 enfants âgés de 2 à 17 ans, un enfant sur cinq a d’abord reçu le diagnostic de TDAH, suivi de celui du TSA trois ans plus tard. Les enfants TDAH ont en effet 30 fois plus de risques d’avoir un diagnostic de TSA après l’âge de 6 ans (Miodovnik, Harstad, Sideridis et Huntington, 2015).

L’anxiété est présente chez 50% des personnes autistes (Ung, Selles, Small et Storch, 2015), elle est souvent engendrée par leur difficulté à comprendre l’environnement dans lequel ils vivent. Pour eux, le respect des règles est important. Ils doivent respecter le protocole, ils ont d’ailleurs souvent besoin de savoir ce qu’ils doivent faire, ce qu’il va se passer. L’anxiété se manifeste donc par une peur de ne pas faire la bonne chose au bon moment, sans se soucier de répondre aux attentes des autres pour leur plaire. L’anxiété se manifeste aussi dans les situations ambigües ; ayant l’impression de ne pas avoir agi correctement, ils n’arrivent toutefois pas à comprendre ce qu’ils auraient pu faire d’incorrect (Fraser et al., 2015). Les thérapies cognitivocorportementales ont démontré leur efficacité auprès de cette population (Ung et al., 2015).

Leur manque de motivation pour changer un comportement ou pour atteindre un but découle souvent du fait qu’ils n’ont pas tendance à se comparer aux autres pour s’autoévaluer. Ils font rarement les choses pour surpasser les autres. Le moteur de leur motivation est plutôt intrinsèque, soit par satisfaction personnelle soit par application de règles. La difficulté à se mettre en action peut aussi s’expliquer par une mauvaise compréhension de ce qu’ils ont à faire. Les renforçateurs utilisés pour modifier un comportement doivent être en lien direct avec leur propre plaisir, puisque contrairement aux autres enfants, ils ne cherchent jamais vraiment à plaire à l’intervenant, mais plutôt à satisfaire leurs intérêts (Bernier, 2016).

Par Francine Lussier, Ph. D.
Neuropsychologue
Directrice des activités cliniques et scientifiques au Centre de formation CENOP Inc.
Professeure associée au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Révisé par Line Gascon, Ph. D.
Neuropsychologue
Directrice générale CENOP
Décembre 2017

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