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Motifs de consultation pour la dysphasie

Le tout jeune enfant qui présente des troubles du langage n’est référé en neuropsychologie qu’après l’élimination de la surdité par des tests audiométriques et des pathologies neurologiques périphériques touchant la zone oro­faciale. Le but de cette évaluation est de poser un diagnostic différentiel permettant d’éliminer d’autres pathologies telles l’autisme (absence totale du désir de communication), le trouble envahissant du développement (traits autistiques sans toute la présentation clinique de l’autisme) ou la déficience intellectuelle (dont les quotients verbaux et non verbaux sont inférieurs à 70). En effet, ces pathologies sont difficiles à distinguer d’une dysphasie en raison du chevauchement de ces entités syndromiques. Bien qu’il n’échappe pas à la complexité des présentations cliniques qui peuvent entraîner la possibilité de faux positifs, le neuropsychologue, de par sa double formation en psychologie et en neurologie, est souvent mieux outillé pour faire ressortir les subtilités de ces particularités nosographiques. Il doit cependant être prudent. Chez les enfants qui présentent un retard ou un trouble de développement d’étiologie inconnue, un diagnostic ne devrait jamais être définitif avant l’âge de 8 ou 9 ans, spécialement quand le langage est compromis. Le suivi longitudinal auprès d’une clientèle clinique démontre une variabilité beaucoup plus grande à travers le temps dans l’acquisition des diverses habiletés et le développement des fonctions cognitives que chez les enfants sans aucun problème. Cette observation est possible non seulement à travers les manifestations comportementales de l’enfant dans les situations de la vie quotidienne mais également perceptible lors de l’utilisation d’instruments standardisés. Il n’est donc pas rare que le diagnostic posé soit qualifié de transitoire étant donné la nature chaotique intra-individuelle du développement.

Chez les enfants un peu plus vieux, il arrive que, même si le diagnostic est déjà posé, l’évaluation neuropsychologique soit requise pour identifier, au delà des signes distinctifs de telle ou telle dysphasie, le profil cognitif très particulier que l’enfant présente afin de guider les interventions pédagogiques.

Très souvent par contre, un enfant qui n’a jamais été identifié comme dysphasique est amené en consultation pour comprendre la nature de ses difficultés scolaires que le clinicien pourra mettre en lien avec la présence d’éléments dysphasiques subcliniques jusque là ignorés.

En milieu hospitalier, la consultation en neuropsychologie est demandée après la survenue d’un trouble du langage consécutif à un événement particulier (trauma, tumeur, épilepsie) ou un accident cérébro-vasculaire pour vérifier si l’atteinte déborde de la sphère linguistique. Dans tous les cas l’évaluation cherchera à mettre en relief aussi bien les déficits que les fonctions intactes chez l’enfant.

Par Francine Lussier, Ph. D. Neuropsychologue Directrice des activités cliniques et scientifiques au Centre de formation CENOP Inc. Professeure associée au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

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