Symptomatologie propre au SDNV
Il est largement reconnu dans la communauté scientifique que les lésions acquises de l’hémisphère droit, lorsqu’elles surviennent notamment à l’âge adulte, entraînent des perturbations spécifiques au niveau du traitement des informations non verbales. Les atteintes observées touchent particulièrement les capacités d’intégration visuo-spatiale, l’attention et la mémoire non verbales ainsi que l’expression et l’interprétation des émotions.
Bien que certaines différences puissent être relevées entre les chercheurs au niveau du lexique utilisé pour décrire chacun de ces troubles, les études neuropsychologiques sur le SDNV développemental rapportent toutes une symptomatologie tout à fait comparable à celle des lésions acquises. Le diagnostic de SDNV s’appuierait généralement sur l’identification de ces trois mêmes déficits : une perturbation des habiletés visuo-spatiales (se traduisant par une différence significative entre les quotients verbal et non verbal, au profit du premier), de nets déficits attentionnels (en particulier pour les stimuli visuels et tactiles) et des désordres remarquables au niveau des conduites et des comportements sociaux. Par ailleurs, alors que toutes les études rapportent également des signes neurologiques discrets à l’hémicorps gauche, des troubles manifestes au niveau des procédures arithmétiques (algorithmes ) sont relevés spécifiquement par Voeller et Rourke, alors que Gross-Tsur rapporte, comme une constante dans son groupe, un ralentissement idéatoire et psycho-moteur très marqué, combiné avec une évidente maladresse grapho-motrice.
Il apparaît intéressant par ailleurs de relever que la perturbation spécifique aux habiletés visuo-spatiales avait été précédemment décrite par Ajuriaguerra comme une caractéristique associée à une dissociation d’au moins 20 points entre quotient verbal et quotient non verbal du WISC, au profit du verbal, incluant une difficulté à construire et à reproduire des modèles impliquant des relations spatiales. Le syndrome, diagnostiqué comme dyspraxie constructive est rapporté dans l’article de Camos et ses collaborateurs (1998) sur les difficultés en mathématiques. De son côté, Gross-Tsur (1996) étudiant son groupe de 20 enfants présentant le même syndrome identifiait une forme de dyscalculie chez un grand nombre d’entre eux. Elle rapporte que leur incompétence était suffisamment sévère pour interférer avec les demandes qu’ils recevaient dans la vie quotidienne, telles compter, effectuer des additions simples, rendre la monnaie et utiliser à bon escient les notions de temps.
Nous avons tenté de synthétiser toutes les caractéristiques rapportées dans la littérature sous forme de tableaux comparatifs des habiletés et des déficits de ces sujets, tant sur le plan du développement des fonctions cognitives (Encadré 6.19) que sur leurs caractéristiques comportementales et académiques (Encadré 6.20) ainsi que leurs compétences socio-émotionnelles (Encadré 6.21), même si tous ces signes ne sont naturellement pas toujours identifiables simultanément chez les patients. À la manière de Rourke, nous avons conservé par ailleurs les appellations de « primaire », « secondaire » et « tertiaire » dans l’encadré 6.19 pour distinguer les déficits qui découlent directement de l’atteinte neurologique présumée « primaire » de ceux qui se produiraient en relation de cause à effet avec ces atteintes et qui constitueraient les déficits « secondaires » (à moyen terme) et « tertiaires » (à long terme ) de la problématique. Les principaux signes permettant généralement de soupçonner un SDNV chez l’enfant d’âge scolaire sont également suggérés.